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Lille. Premières assises de l’accueil familial

Lilleactu le 15/04/2018

L'accueil familial des personnes âgées et des personnes en situation de handicap est méconnu. Il vient pourtant de connaître ses premières assises à Lille (Nord). Bilan.
 

Patricia et Bruno (au 1er plan) accueillent chez eux, depuis cinq ans, des personnes âgées ou en situation de handicap. Au 2nd plan, Philippe, Pascal et Francçoise. (©Patricia Debrock/Lille Actu)

Alors que les familles d’accueil pour enfants sont bien connues, accueillir chez soi une personne âgée ou en situation de handicap peut paraître original. C’est pourtant le quotidien de 530 familles du Nord.
 
Quatre cents personnes, représentant 30 départements se sont réunies vendredi 6 avril 2018 à Lille (Nord), pour échanger sur le sujet à travers des «mini-lab» ou des lieux d’expression, lors des premières assises de l’accueil familial.
 
Cette journée proposait de partager les bonnes pratiques, d’aider les départements à développer ce mode d’accueil et d’ouvrir des perspectives pour les professionnels.
 
Geneviève Mannarino, Vice-présidente du Département du Nord en charge de l’Autonomie, dénombre plusieurs enjeux à l’accueil familial, 

"tels que celui de ne pas négliger les moyens fournis à l’accueillant, d’être vigilant sur le statut. Tout doit être cadré car il s’agit de professionnels dans une vie de famille."

La Vice-présidente du département retient que : 

"Les accueillants doivent bénéficier de formations et que des pools de remplacement doivent être prévus.  Elle se dit très touchée car les accueillants familiaux expriment le besoin d’être en lien, que ce soit avec les Pôles d’autonomie des directions territoriales mais aussi entre eux ."

Geneviève Mannarino rappelle que le département du Nord a initié «L’Accueil familial à la ferme» pour permettre aux agriculteurs de devenir accueillants, sans pour autant que cela ne mette en péril leur activité première et affirme :

"Il est nécessaire de développer ce circuit."

La Vice-présidente du Département du Nord en charge de l’Autonomie compte bien rediffuser les travaux de cette première journée nationale aux parlementaires et au Gouvernement.
Ce dernier devrait bientôt aborder le sujet de la dépendance.
 
Témoignage d’une famille d’accueil
 
Patricia et son mari Bruno vivent à Lynde. Ils accueillent des personnes âgées ou en situation de handicap depuis cinq ans.
 
Actuellement, trois personnes vivent sous leur toit. Elles ont respectivement 54 ans, 59 ans et 64 ans. Elles sont toutes en situation de handicap pour trois pathologies psychiatriques différentes. Avant d’arriver chez le couple, elles étaient hospitalisées à Bailleul.
 
Patricia raconte :

« Il y a quelques années, mon père était sous tutelle. Sa tutrice m’a parlé du principe de l’accueil. Au départ, on ne l’a pas envisagé sérieusement. Nos enfants étaient très réticents, ils pensaient que nous n’aurions plus de vie privée. Maintenant, ils nous encouragent. Nous avons fait de gros travaux de rénovation dans notre maison pour tout mettre aux normes. Les personnes que nous accueillons dorment dans une aile séparée. Nous préservons notre intimité familiale après 20 h. Cela leur permet aussi de garder un peu d’autonomie. En revanche, nous passons nos journées ensemble. »

Les critères d’accueil
 
Pour pouvoir accueillir, Patricia et son mari ont reçu plusieurs fois une infirmière et une assistante sociale. Le respect des normes de la maison a été vérifié. Elle regrette qu’aucune formation ne leur ait été dispensée et que son mari et elles ne disposent d’aucun diplôme.

"Ça risque de freiner les jeunes qui souhaitent accueillir. Le statut est important. Nous sommes contents car comme nous souhaitons renouveler l’agrément, nous allons faire une formation pour apprendre les premiers secours."

Le couple tient à connaître les pathologies des personnes qu’il accueille.

"C’est essentiel, ne serait-ce que pour savoir s’ils peuvent vivre ensemble."

Les tempéraments doivent s’accorder.

"Chez nous, tout le monde aime lire. Nous sommes très bien accompagnés par le Pôle Autonomie d’Hazebrouck. Les personnes que nous accueillons sont nos employeurs. Chacune d’entre elles a un référent (parent ou curatelle). C’est essentiel, cela garantit notre indépendance."

Anticiper les vacances

"Parfois nous avons besoin de vacances, je souhaiterais qu’une prise en charge puisse s’organiser dans ces cas-là. Quand nous partons quelques jours, nos enfants s’installent à la maison pour prendre le relais, aucune autre solution ne nous est proposée, c’est dommage."

Les personnes accueillies doivent donner leur accord. Avant de s’installer, ils viennent tester leur «compatibilité». Ils viennent plusieurs fois, parfois le jour, parfois la nuit. Puis leurs deux premiers contrats durent un mois avant d’être pérennisé.
 
Le quotidien plaît beaucoup au couple.

"Pour rien au monde, nous ne ferions autre chose. On s’enrichit beaucoup sur le plan humain. C’est une vocation. Mon mari a travaillé des années avec des horaires décalés. Nous apprécions la régularité de ce nouveau quotidien. Nous formons une famille. Nous tâchons de leur apporter de l’amour, un lieu chaleureux et l’accompagnement dont ils ont besoin. Nous ne souhaitons pas recevoir de personnes trop âgées pour continuer toutes nos activités : balades, ateliers de création… C’est incroyable de constater l’autonomie que ces personnes reprennent après plusieurs semaines. Deux d’entre elles vont au café du village le dimanche matin et recréent du lien social, une autre lit alors qu’avant, elle passait ses journées à dormir. Quel bonheur ! On est comme une famille, parfois on a nos humeurs et on se taquine ! Je peux affirmer que l’accueil familial est une excellente alternative pour les malades du cerveau. Nous n’avons jamais envisagé d’arrêter. Nous sommes très heureux."

Pour en savoir plus sur l’accueil familial, rendez-vous site du département du Nord.